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Agriculture & Alimentation

Un cadre commercial devenu… gentleman-farmer (2e partie).

Le 28 mars 2012

Il en rêvait : exploiter une ferme d’élevage avicole, comme celle de ses grands-parents. Après des années passées comme cadre commercial à Nature et découvertes, Charles Monville a sauté le pas, en 2006. Quatre ans plus tard, il prenait possession d’une exploitation sur le Plateau. Visite des lieux, à Bièvre, route de Favreuse, au milieu de ses volailles, élevées au grand air (2e partie).

Par Nadia Diminutto

(pour revenir à la première partie : cliquez ici)

Dans l’espace dédié à la vente, on trouve en plus des produits de la ferme du pain bio de la ferme Vandame. Chaque volaille est proposée prête ou en sous vide (cuisses ou filets). Les acheteurs sont très nombreux à venir le jeudi après-midi entre 15h30 et 19h. Les clientes s’échangent des recettes de préparation de gésiers. « Je les ébouillante  avant de les faire revenir à la poêle » glisse l’une. Une autre semble surprise d’un tel procédé : «  Il faut simplement les dégraisser et puis les faire frire ! ». Si les avis exprimés dans la boutique divergent sur la cuisson, ils sont cependant unanimes sur la qualité gustative des volatiles. Des clientes n’hésitent pas à venir avec un grand sac. « Je fais aussi les courses pour mes voisines », dit l’une comme pour s’excuser de ses abondantes emplettes. « Les horaires d’ouverture ne sont pas très favorables aux personnes qui travaillent »… Charles Monville se justifie : « Si j’étais ouvert le samedi, je devrais en fournir le double, ce qui ne m’est pas possible. Et puis ma femme travaille aussi, nous n’aurions plus beaucoup de temps pour nous voir ».

 40% de la production vendue sur place

40% de la production de volailles est ainsi vendue sur place. Un deuxième débouché, le plus important, est constitué par cinq Amap (45 % de la production) : les Jardins de Cérès, Terrain vague (Guyancourt), « Miam » (Malakoff), une autre de Montrouge, enfin les « Lapereaux thermophiles » (14e arrondissement de Paris). Les clients s’engagent à l’année en versant un acompte au mois de janvier. « Cet acompte permet de constituer une trésorerie qui assure le règlement des céréales dès la fin de la moisson, ce qui m’évite de recourir aux services bancaires » souligne Charles Monville. Les particuliers peuvent passer leurs commandes au plus tard le lundi par Internet et les retirer le jeudi après-midi. Un 3e débouché est constitué par la restauration scolaire (environ 15 % des ventes) de l’université d’Orsay et de la commune de Bièvres.

Un bouche à oreille efficace

 « Comme vous pouvez le constater, ma ferme n’est pas fléchée, et pourtant, je n’ai pas eu à faire la moindre publicité. » Cela dit, sans la qualité, le bouche à oreille ne fonctionnerait pas. « De plus, au moindre doute sur les élevages industriels (liés à une grippe aviaire par exemple), les consommateurs se rabattent spontanément sur les élevages biologiques et l’achat en direct. » Bref, Charles Monville pourrait doubler ses ventes sans problème, mais ce n’est pas son choix. «  Il n’est pas sûr que nous trouvions la main-d’œuvre et ni la surface suffisante pour nous agrandir ».

En revanche, il n’exclut pas de diversifier sa production. Les idées ne manquent pas. Il a songé à un élevage de moutons voire de cochons élevés en plein air. Mais là encore, il n’est pas sûr de disposer des surfaces nécessaires. Un autre projet lui tenait à cœur. « J’aurais aimé ouvrir des chambres d’hôtes. Mais, pour cela, il aurait fallu une maison en forme de L ». Pourquoi pas un jour un lieu  de restauration, le midi, avec plat du jour composé avec des produits de la ferme ?

Des soutiens divers pour réinventer l’agriculture

Pour mener à bien ses différents projets, Charles Monville n’a pas été abandonné à lui-même. Il est en relation avec le Groupement des Agriculteurs Biologiques (GAB) et l’Etablissement Régional de l’Elevage (ERE), ce qui lui permet de bénéficier de la visite d’un conseiller avicole, deux fois par an. « Il me prodigue des conseils techniques très concrets. »

On le voit, le Plateau de Saclay n’est pas qu’un lieu de préservation des activités agricoles. Il pourrait être aussi un laboratoire de nouvelles pratiques en phase avec les exigences d’une agriculture respectueuse de l’environnement et de circuits courts. « Pouvoir cultiver des céréales sur le Plateau, puis les valoriser auprès de petits élevages, dont les bêtes sont commercialisées en direct auprès des consommateurs me paraît s’inscrire dans un cercle vertueux et durable. » A terme, c’est le métier de l’agriculteur qui est appelé à évoluer de nouveau. De produits d’élevage et de culture, la production de Charles Monville s’élargit déjà, à travers la vente sur place ou via des Amap, à celle de services.

La photo publiée en Une est du photographe Patrick Evesque qui a fait une série magnifique sur le travail de Charles Monville, à découvrir sur son site et son blog.

Adresse de Charles Monville : EARL BOMON, Route de Favreuse, 91570 Bièvres.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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