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Sous les drones et les véhicules autonomes : la photonique

Le 24 mars 2016

« Technologies photoniques pour l’intelligence et l’autonomie des véhicules et des drones ». Tel sera le thème du prochain séminaire qu’Opticsvalley organise le 1er avril prochain à l’ENSTA ParisTech. Anne-Laure Aurelle, responsable des partenariats, du marketing et de l’événementiel, et Paul Stefanut, chef de projet business et innovation – le binôme en charge de son organisation -, nous en disent plus.

– Pour commencer, pouvez-vous rappeler la vocation d’Opticsvalley ?

Anne-Laure Aurelle : Depuis sa création en 1999 et comme son nom l’indique, Opticsvalley a vocation à fédérer et animer la communauté francilienne des acteurs de l’optique ou, comme on dit désormais, de la photonique, et plus largement des high-tech. Avec nos adhérents et partenaires (donneurs d’ordre, PME, start-up, établissements d’enseignement supérieur et de recherche, collectivités territoriales), nous faisons le constat que la photonique s’est développée sur des marchés applicatifs qu’on peut qualifier de matures : les télécommunications, les équipements de recherche, la sécurité, etc., sachant qu’elle continue à en irriguer bien d’autres : la santé, la mobilité, les objets connectés, l’usine du futur, la ville intelligente. Depuis près de deux ans maintenant, Opticsvalley a donc entrepris d’aider les entreprises membres de son réseau à mieux pénétrer ces marchés en en éclairant les enjeux. C’est la vocation des séminaires que nous organisons, dont celui qui nous réunit aujourd’hui. Ils ont pour dénominateur commun de traiter des technologies photoniques au regard d’un marché applicatif en forte croissance, pour susciter au final de nouvelles opportunités business et innovation pour nos PME et start-up qui ont besoin de croître.

– Est-ce vous qui incitez les différents acteurs à se rapprocher ou est-ce eux qui expriment un besoin en ce sens ?

Anne-Laure Aurelle : C’est un besoin que l’on peut détecter notamment à travers notre connaissance du terrain. Nos équipes sont très présentes sur le territoire francilien. Elles effectuent pas moins de 200 visites d’entreprises et de laboratoires chaque année permettant de recenser les compétences et le savoir-faire de ces acteurs ainsi que leurs besoins (de fournisseurs, de partenaires, de compétences scientifiques/techniques, de prestataires…). Autant d’expressions de besoins qui enrichissent nos bases de connaissances, améliorent notre capacité à faire se rencontrer les acteurs et à créer de la valeur sur le territoire. Si un besoin ressort clairement, c’est bien celui de connexions. Ce que nous faisons à travers différents outils : les séminaires, mais aussi des groupes de travail pour faire émerger des projets collaboratifs.

Paul Stefanut : Les start-up et PME technologiques sont en règle générale orientées vers un ou quelques marchés, sans avoir toujours de vision globale ni disposer du temps et des compétences pour explorer des possibilités de diversification. En complément de notre travail de qualification, nous menons donc, en lien avec d’autres acteurs de l’écosystème, un travail de veille sur les marchés applicatifs afin d’identifier de nouvelles opportunités. Les technologies des PME et startup n’étant pas toujours totalement adaptées aux besoins des donneurs d’ordre, nous les accompagnons soit individuellement, soit collectivement pour leur permettre de trouver les moyens de les faire évoluer. L’enjeu est aussi d’intégrer plusieurs technologies au sein d’un système « polyvalent ». Car, et pour en venir à la thématique du prochain séminaire, il est clair qu’on ne peut démultiplier les technologies embarquées sur un drone, pas plus d’ailleurs que sur un véhicule autonome, ne serait-ce que pour des contraintes de taille, de surface et de poids.

– Les relations entre ces donneurs d’ordre et start-up/PME ne sont pas toujours simples. Comment parvenez-vous à faire travailler ensemble ces acteurs, à créer une relation de confiance entre eux ?

Anne-Laure Aurelle : Tout dépend du marché applicatif dont on parle. Prenez la photonique du marché automobile, par exemple. A la demande de PSA Peugeot Citroën, nous avons consacré un séminaire dédié aux enjeux de la photonique pour l’industrie automobile. Il a particulièrement bien fonctionné. A l’évidence les parties prenantes de cette filière sont tournées vers l’innovation ouverte : les donneurs d’ordre expriment clairement leurs besoins en technologies de rupture en direction des PME voire des start-up, qui, en retour manifestent une capacité à adapter leur offre. Prenez maintenant la cosmétique, à laquelle le précédent séminaire a été consacré, toujours au regard de la photonique. C’était en janvier dernier, au Synchrotron Soleil. Force a été de constater une plus grande difficulté à faire s’exprimer les besoins, du fait d’une culture manifestement plus forte de la confidentialité. De manière plus générale, et pour répondre à votre question, tout dépend donc des filières.
Forts de ce constat, nous concluons désormais chacun de nos séminaires par une convention d’affaires, d’une heure. Les entreprises, petites et grandes, grands groupes, PME et start-up, peuvent ainsi échanger en face à face, en toute confidentialité s’ils le souhaitent.

– Revenons à la problématique des drones. Dans quelle mesure étiez-vous prédisposiez à investir ce domaine ?

Paul Stefanut : La photonique est, par définition, présente à bord des drones, qu’ils soient de loisirs ou professionnels, ne serait-ce qu’à travers les caméras, les dispositifs les plus simples utilisés sur ce type d’équipement. Notre conviction, c’est qu’un vecteur de type drone ne peut se dispenser de technologies de pointe qui lui confèrent non seulement les moyens d’accomplir sa mission d’observation ou de surveillance, mais aussi l’intelligence, la capacité à percevoir son environnement et à s’adapter. Autant de besoins fonctionnels qui mobilisent plus que jamais la photonique.

– Comment le programme de la journée a-t-il été conçu ?

Paul Stefanut : A l’image de tous nos séminaires, il se décline en trois séquences. Une première est destinée à permettre aux donneurs d’ordre ou aux opérateurs de drones d’exprimer leurs besoins, de faire état des points de blocage. Une deuxième sera l’occasion pour les PME et Start-up du domaine de la photonique, de présenter leurs technologies qui, peuvent être intégrées dans les drones : vision classique ou thermique, stéréovision, LIDAR, systèmes optiques… Chacun pourra mettre en avant les avantages de sa ou ses technologies et leur complémentarité. Cette dernière est importante car une technologie, aussi innovante soit-elle, ne peut prétendre tout faire. Aujourd’hui, un des sujets brûlant est donc l’intégration multi-capteurs dans un seul et même système et la fusion des données.
Enfin, une troisième séquence abordera les perspectives de recherche et les collaborations possibles entre industriels et laboratoires à travers les témoignages de trois d’entre eux : le Laboratoire Isir – UPMC, qui a mis en place une chaire avec EDF sur les micro-drones ; le Groupe de Recherche Robotique et Vision de l’ENSTA ParisTech, qui s’intéresse à la vision pour la navigation des systèmes ; enfin, l’ONERA qui traitera de l’imagerie thermique.
A quoi s’ajoute une convention d’affaires qui, comme Anne-Laure l’évoquait, permettra aux participants d’échanger plus en détail en dehors des sessions de réseautage prévues tout au long de la journée. Enfin, la journée se terminera par le lancement de propositions pour un nouvel appel à manifestations d’intérêt ayant pour vocation de faire émerger des projets collaboratifs de recherche, développement et innovation.

– A vous entendre, on prend la mesure de l’étendue du champ…

Paul Stefanut : C’est pourquoi nous avons fait le choix de nous focaliser sur les problématiques d’une application concrète, en l’occurrence la surveillance d’infrastructures au sens large : de transports, d’énergie, urbaines. D’où la présence d’acteurs comme la SNCF ou la Délégation générale à l’Armement (DGA).

– Vous avez été servis par l’actualité récente avec l’intrusion d’un drone dans l’espace aérien qui a manqué de peu de heurter un avion de ligne…

Paul Stefanut : Oui, en effet. La question est en réalité déjà posée à l’échelle de la communauté européenne : comment faire cohabiter des drones avec d’autres systèmes de l’espace aérien ? Cette problématique requiert plus d’intelligence, plus d’autonomie pour interagir avec tout ce qui survient dans l’écosystème. La question se pose d’autant plus que s’expriment des besoins de « grande élongation » pour la supervision d’infrastructures de transport, comme des lignes ferroviaires, de distribution d’énergie, d’eau, etc. Pour autant, la sécurité n’est pas l’enjeu premier de ce séminaire. Un autre séminaire lui sera dédié le 1er juillet prochain à travers les enjeux qu’elle recouvre dans la perspective de la ville intelligente.

– Nous avons jusqu’ici parlé de drone. Or, le séminaire du 1er avril porte aussi, d’après son intitulé, sur les véhicules autonomes…

Paul Stefanut : Oui, car force est de constater de nombreuses similitudes entre les deux. Les technologies mobilisées pour percevoir l’environnement sont les mêmes, bien que conçues sur la base de cahiers des charges sensiblement différents au regard des questions de portée, de degré de précision, etc.

– Parmi les intervenants, nous relevons plusieurs représentants de l’écosystème Paris-Saclay. Est-ce à dire que la filière francilienne du drone se polarise sur ce dernier ?

Anne-Laure Aurelle : En effet, plusieurs acteurs de l’écosystème de Paris-Saclay interviendront : l’ENSTA ParisTech, l’ONERA, StereloLabs, FullScale, Atermes,… Cela traduit notre volonté de mettre en avant notre écosystème. Toutefois, cela n’exclut pas les acteurs d’autres régions lorsqu’ils apportent des informations à haute valeur ajoutée, à l’image des start-up OPTIMETRE et SENSUP implantées en Bretagne.

– Un mot sur l’ENST’Air, une association d’étudiants qui interviendra le 1er avril. Il n’est pas si courant que cela de donner la parole à ces derniers dans ce genre de manifestation…

Anne-Laure Aurelle : Paris-Saclay est un cluster riche d’une communauté d’étudiants. Autant les solliciter et les valoriser aussi. Cette association-ci a été lauréate du Dassault UAV Challenge 2015 pour son drone « hexacopter ». Nous avons eu le plaisir d’en rencontrer l’actuelle présidente et son prédécesseur, tous deux très impliqués dans le séminaire. En plus d’un temps d’intervention, l’association aura un stand. Elle pourra profiter de la présence des industriels pour identifier des stages et faire la promotion de ses travaux. Une illustration parmi d’autres de notre intention de valoriser cette richesse que constitue la présence d’établissements d’enseignement supérieur à Paris-Saclay comme ailleurs, en Ile-de-France. A noter que le séminaire sera aussi pour nous l’occasion de présenter Job High Tech, le site internet dédié aux emplois high tech que nous animons.

Paul Stefanut : Cette ouverture sur le monde étudiant correspond aussi à la nécessité de promouvoir, au-delà de la technologie, la formation (initiale aussi bien que continue) dans le télé-pilotage des drones. Aujourd’hui, la responsabilité en cas d’accident incombe, du point de vue des assureurs, à celui qui opère le drone. Ceci fait donc émerger de nouveaux métiers et des besoins associés en termes de formation.

– Quel accueil a été réservé à l’annonce de ce séminaire ?

Anne-Laure Aurelle : Un accueil plus que positif, qui confirme que nous répondons à de fortes attentes tant du côté des donneurs d’ordre que des PME et des start-up, enfin des académiques. A ce jour (début mars), nous comptons une cinquantaine d’inscrits, soit la moyenne attendue pour ce genre d’événement compte tenu de la barrière à l’entrée (les séminaires sont payants, à la différence des autres formats d’Opticsvalley). Ce séminaire suscite l’intérêt au-delà de l’Ile-de-France. Les grands comptes (EDF, Thales, Safran…) se sont fortement mobilisés. Tout comme la DGA. Autant de bonnes nouvelles dès lors que notre vocation est justement de rapprocher des acteurs qui n’ont pas autant l’occasion de pouvoir se rencontrer.

 Pour accéder au programme complet, cliquer ici.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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