Toutes nos publications
Vu d'ailleurs

Quelle architecture pour les chercheurs ?

Le 15 novembre 2013

Suite de notre rencontre avec les architectes de l’agence D.A, qui se sont spécialisés dans l’architecture scientifique, non sans développer un regard instructif sur le monde de la recherche et ses besoins en termes d’espace et d’urbanisme.

Pour accéder à la première partie de la rencontre avec les architectes de l’agence D.A, cliquer ici.

– Pour les architectes que vous êtes, quelles sont les implications d’une spécialisation dans la conception et la construction de bâtiments dédiés à la recherche ? Vous faut-il être aussi des spécialistes des disciplines concernées ?

Robert Chapellier : Non, l’enjeu n’est pas de devenir des spécialistes de physique, de biologie ou de médecine, pour ne citer que les principaux champs disciplinaires dans lesquels nous intervenons. Ce serait illusoire en plus d’être présomptueux. L’enjeu est plutôt de comprendre les besoins pratiques des chercheurs. Nous sommes là pour leur donner un cadre de travail, mais aussi des outils, des plus élaborés aux plus simples. Car ces chercheurs, qui sont à la pointe de la recherche, sont aussi des bricoleurs à leur manière. Ils ont besoin d’ateliers de travail où ils peuvent procéder ne serait-ce qu’à des ajustements de pièces.

– Vous-même, Antoine Prunet, avez-vous vous rejoint l’agence comme associé au titre d’éventuelles connaissances scientifiques ?

Antoine Prunet : Non. Notre connaissance du monde scientifique, nous l’avons acquise, Thomas Quenault et moi, à travers les projets auxquels nous avons participé avec Robert et Antoine, lors de nos différents stages. Malgré la différence de génération, nous nous sommes retrouvés sur une même conception de l’architecture, en l’occurrence une architecture qui « fonctionne », c’est-à-dire qui soit vraiment au service des chercheurs appelés à y travailler. Ce qui passe par une démarche aussi rigoureuse que possible et une économie des moyens dans la conception et la construction…

Robert Chapellier : … soit les principes d’une architecture « moderne », au sens propre du terme, c’est-à-dire du XXe siècle, et non simplement contemporaine. Dans l’architecture contemporaine, il y a des choses qui nous plaisent, d’autres pas, voire qui nous choquent, précisément parce qu’elles privilégient le geste architectural sur la fonctionnalité.

– Les laboratoires ne sont plus seulement des lieux de recherche, ce sont aussi des lieux d’échanges et de vie. Qu’est-ce que cela implique-t-il pour vous ?

Antoine Prunet : C’est effectivement la nouvelle tendance : les laboratoires ne sont plus seulement des lieux de recherche, ils sont aussi conçus comme des lieux de vie et de convivialité. Dans tous les programmes que l’on mène aujourd’hui, on retrouve des espaces de rencontres et d’échange. Nous-mêmes y veillons. Nous nous préoccupons aussi de l’insertion du bâtiment dans son environnement, sur son site.

– Et quid de la notion de sérendipité qui fait florès et qu’on définit parfois par la citation de Pasteur, « un hasard qui favorise un esprit préparé » ? Est-ce tendance à laquelle D.A est sensible ?

Robert Chapellier : Bien sûr ! Même si, à notre sens, la sérendipité n’est qu’une autre manière de désigner l’enjeu de la communication scientifique. Toujours est-il que c’est l’un des critères qui était fixé dans le cahier des charges du bâtiment François Jacob, le dernier réalisé par D.A, pour l’Institut Pasteur. Il s’est donc agi de faire un bâtiment aussi performant que possible pour la biologie du futur, en favorisant précisément la communication scientifique, formelle et informelle.

– Comment y êtes-vous parvenus ?

Robert Chapellier : A force de construire des laboratoires et d’autres bâtiments à vocation scientifique, nous commençons à connaître un peu les chercheurs. Ce sont des personnes à la fois rigoureuses et accessibles, ayant même parfois gardé un esprit estudiantin voire potache. Ils ont certes de l’ambition, mais mettent celle-ci au service de la science. La réussite ne leur importe que dans la mesure où elle conditionne la possibilité de poursuivre leurs recherches, d’obtenir des financements nouveaux. Cette ambition ne les empêche pas de cultiver une certaine simplicité. Ils aiment se retrouver ensemble et pour ce faire, un rien leur suffit. Ils ont gardé ce plaisir d’étudiant à se retrouver avec d’autres étudiants, dans une chambre, le resto U, un bout de pelouse ou les marches d’un bâtiment. Nul besoin donc d’aménager des espaces trop sophistiqués et a fortiori coûteux.

Si difficulté il y a, elle tient justement à cette tendance qu’ils ont à se retrouver en petits groupes. Un phénomène dont pâtissent d’ailleurs certaines bibliothèques universitaires. Chaque équipe tend à créer son propre service de documentation, avec même parfois ses rayons personnalisés ! Par ailleurs, les chercheurs aiment à bricoler leur propre espace convivial, pour accueillir leurs collègues les plus proches. Résultat : ils s’y sentent si bien qu’ils ne sont plus enclins à aller à la rencontre d’autres équipes.

Or c’est en se frottant aux autres, au hasard de rencontres qu’on fait des découvertes. Soit les vertus de la sérendipité qu’on évoquait tout à l’heure. 
Il faut donc créer les conditions qui procurent les mêmes sensations aux chercheurs, mais dans des espaces plus ouverts à d’autres groupes, y compris de disciplines différentes. Les chercheurs eux-mêmes le disent : l’heure est à l’interdisciplinarité ; il leur faut être l’interface des disciplines. Il nous faut donc leur faire admettre des lieux qui favorisent les interactions quotidiennes, permettent à des mathématiciens de croiser des physiciens, des biologistes et vice versa. Pour y parvenir, il importe d’aménager ces espaces de communication à tous les niveaux.

– Au niveau du groupe, qu’est-ce que cela donne-t-il ?

Robert Chapellier : Par exemple, à l’Institut Pasteur, nous avons proposé une interprétation moderne des bow-widows : chaque bureau dispose d’un mini-salon que le chercheur aménage à sa guise, soit en ajoutant un poste de travail pour l’étudiant de passage, soi un emplacement pour son vélo, une plante verte, une table basse, etc. L’idée est de leur permettre d’accueillir de manière conviviale des collègues de leur groupe immédiat. Mais il faut aller au-delà de ce premier groupe en favorisant les rencontres entre groupes, puis à l’échelle du campus. Sans oublier le niveau international : les chercheurs sont appelés à recevoir des collègues étrangers.

– Comment procédez-vous pour concevoir ces lieux d’échange ?

Antoine Prunet : Le processus de construction architecturale est conditionné par les modalités du concours. Or, au cours de celui-ci, il n’y a pas d’échanges autorisés avec les chercheurs. Outre les indications fournies par le programme, nous nous fions donc à notre expérience. Même s’ils ne sont pas explicitement demandés, nous estimons que les espaces d’échange et de rencontre sont importants. Souvent, ils s’imposent d’ailleurs lors de la conception du plan et de la mise évidence des lieux de centralité du bâtiment.

Robert Chapellier : Cela étant dit, il existe de très bons programmistes qui commencent à bien connaître le milieu des chercheurs au point de s’être spécialisés dans ce domaine. Seulement, si des besoins ont été prévus dans le programme, les financements ne le sont pas toujours. Le responsable financier aura tendance à prendre en compte ce qui lui apparaît être les besoins véritables et prioritaires des scientifiques, à savoir les équipements, la salle blanche, etc. Il fera ensuite confiance à l’architecte pour trouver le moyen d’aménager des espaces favorisant la communication scientifique. Il nous faut donc être ingénieux pour en concevoir sans grever le budget.

Ce n’est qu’une fois le concours emporté, qu’on peut instaurer un dialogue avec les chercheurs. Sans doute est-ce la limite des concours sauf à en avoir gagné assez pour commencer à se faire une idée précise des besoins potentiels. Ou à avoir des commandes directes d’investisseurs privés. Dans ce cas, nous pouvons assumer le rôle de programmateur. Mais ces cas sont peu fréquents, les donneurs d’ordre restant pour la plupart publics, ce qui oblige à nous soumettre à un concours en nous reposant sur travail du programmiste.

– Qu’en est-il de l’évolution de la recherche ? Dans une vidéo de votre site web, consacrée au bâtiment François Jacob, un chercheur témoigne en constatant que ses conditions de travail n’ont plus guère à voir avec le contexte où il débutait, trente ans plus tôt. Dans quelle mesure le travail d’architecte, spécialisé dans les bâtiments à vocation scientifique, se trouve lui-même impacté par l’accélération des changements qui affectent la recherche ?

Robert Chapellier : La science va en effet de plus en plus vite. Nous le voyons à travers l’évolution des équipements qui changent à un rythme rapide. Heureusement, la tendance est à leur miniaturisation, en tout cas en biologie et en médecine. C’est moins vrai en physique où les machines continuent à grossir, sous l’effet du rajout de nouveaux appareils. Voyez les salles blanches du laboratoire CNRS de Marcoussis : elles comportent des monstres sublimes, qui ne sont pas sans évoquer des sculptures de Tinguely Autre particularité de la recherche en physique : dans ce domaine, ce sont les équipes de recherche qui, le plus souvent, fabriquent leur propre équipement. En biologie ou en médecine, en revanche, les chercheurs travaillent sur des équipements conçus par des industriels qui ont, eux, le souci de les miniaturiser pour en réduire les coûts. C’est un bon point pour nous autres architectes, car cela réduit les besoins en surface. Il nous faut cependant nous adapter aux changements des conditions de recherche, à la rotation des équipes comme des matériels. Le temps où on construisait des instituts pour un professeur éminent et son équipe, qui y restaient ensuite jusqu’à sa retraite, est révolu.

Désormais, une équipe de recherche reste rarement plus de 5 ans. Il nous faut donc anticiper les changements d’affectation. Des changements qui peuvent intervenir pendant les chantiers ! C’est ce qui s’est passé avec le centre de Pasteur. Alors que nous étions en pleins travaux, des chercheurs nous ont alerté sur le fait que tel ou tel agencement ne correspondait déjà plus à leur besoin. Cette évolution est directement liée aux nouveaux modes de financement de la recherche, par projets : une fois qu’une équipe a obtenu des financements, il faut lui investir un laboratoire, quitte à en chasser l’équipe précédente.

A quoi s’ajoute un autre défi : la convergence entre des domaines de recherche. Les biologistes sont appelés à travailler avec des informaticiens, qui prennent de la place au détriment des équipements prévus. Dans les laboratoires inventés par Pierre Dufau, une gaine technique était prévue pour chaque pièce avec des arrivées d’eau et de gaz, un réseau électrique, etc. Aujourd’hui, ce n’est plus indispensable, a fortiori si la salle est occupée par des informaticiens.

– Quelles sont les autres conséquences sur la conception architecturale ?

Robert Chapellier : La principale concerne des attentes plus fortes en termes d’image. Le bâtiment se doit d’être un vecteur de communication, comme le serait un siège social d’entreprise. Cette évolution est plus prononcée à l’étranger qu’en France, mais elle devrait gagner notre pays sous l’effet du passage d’une commande publique vers une commande privée et donc d’un modèle de fonctionnement inspiré de l’entreprise privée.

Cette tendance s’observe déjà à travers les instituts fédératifs qui, comme leur nom l’indique, abritent des équipes pluridisciplinaires : les responsables de ces instituts, financés sur fonds public, mais aussi privés, se doivent de gagner en visibilité, en se dotant d’un bâtiment qui soit attractif sur le plan architectural. On entre alors dans une architecture au service d’une logique de communication. On soigne l’image pour plaire au jury, mais sans toujours se préoccuper de sa fonctionnalité et de son évolution. Des bâtiments se retrouvent ainsi avec des pièces trapézoïdales et circulaires, en dépit du bon sens.

Un juste milieu est à trouver. La recherche de l’image se conçoit dans la mesure où elle n’entre pas en concurrence avec la fonctionnalité et le besoin de flexibilité du bâtiment.

– Comment néanmoins rendre esthétique un bâtiment dédié à la recherche ?

Antoine Prunet : Cela peut passer par le traitement extérieur, sa façade. C’est après tout la première chose qu’on voit du bâtiment.

Robert Chapellier : L’idéal serait que l’image reflète ce qui se passe à l’intérieur. Parfois, c’est suffisant. Prenez le cas du Synchrotron Soleil. Ses architectes, Chaix & Morel, n’ont pas eu besoin d’ajouter une image à l’image. Ils ont bien saisi la beauté intrinsèque de la fonction. Parfois, celle-ci ne suffit pas. La dimension esthétique peut alors être obtenue en s’appuyant sur les éléments que procurent le site et son histoire. Je reviens à l’exemple de l’Institut Pasteur, un site historique s’il en est. Pour les besoins de son extension, nous avons fait une lecture moderne de l’architecture pastorienne, caractérisée par l’usage de la brique sur le modèle des campus anglais : nous nous sommes inscrits dans cette veine pour assurer une continuité historique, mais en introduisant des éléments contemporains (notamment une double façade en verre). Nous ne pouvions pas en rester au faux style faux Louis XIII. Nous avons veillé aussi à intégrer le nouveau bâtiment dans le tissu parisien, plus que ne l’avait fait peut-être en son temps Pierre Dufau dont le bâtiment Metchnikoff, aussi magnifique soit-il, tend à l’ignorer par ses hautes dimensions. Mais est-il besoin de le redire après un Le Corbusier ou un Mies van der Rohe ? On peut parvenir à une esthétique à partir de la fonctionnalité. S’il y a un domaine où cela se vérifie, c’est bien l’architecture scientifique.

– Pourriez-vous cependant vous associer à d’autres compétences, designers, paysagistes, pour parfaire cette esthétisme ?

Antoine Prunet : Oui. De tels professionnels peuvent nous aider à parfaire les éléments sur lesquels nous avons une marge de liberté : les espaces extérieurs, les aménagements, quelques salles de convivialité, les façades. En cela, nous épousons un mouvement consistant pour les architectes à ne plus se croire omniscients, à s’ouvrir à d’autres compétences. D’ailleurs, D.A rassemble des compétences variées, en plus d’architectes : des designers, des graphistes, des paysagistes, des scénographes. Nous considérons que de notre confrontation avec eux peuvent ressortir des propositions auxquelles nous n’aurions pu penser seuls.

Robert Chapellier : On peut imaginer toutes les interventions extérieures à condition de rester dans les limites des budgets. C’est aujourd’hui un impératif quand on voit les contraintes qui pèsent sur les financements publics de la recherche.

Trop d’architectes annoncent des coûts qu’ils ne tiennent pas, faute d’avoir privilégié la fonction sur l’esthétique. Ils cherchent encore trop souvent à séduire. Je le conçois quand ils travaillent pour un promoteur ou une entreprise pour laquelle l’image du bâtiment est un support de communication. Mais je doute que ce soit un enjeu pour un institut de recherche, même s’il est lui aussi confronté à un besoin de visibilité au plan international. Il parviendra à attirer les chercheurs et les financeurs en soignant d’abord les conditions de travail et d’échanges.

– Stanford, MIT… Tous les grands campus anglo-saxons ont depuis toujours sollicité des grands noms de l’architecture et ce, dès le XVIIe…

Robert Chapellier : Je n’ai évidemment rien contre cette politique. Le résultat est d’ailleurs là : ces campus ont un réel intérêt architectural et urbanistique. Personnellement, j’ai une grande admiration pour Foster. Avec lui, nul besoin d’organiser un concours. Il suffit de lui donner les clés. Il a tout inventé en repoussant à chaque fois les limites : voyez l’Institut Clark. Je dis seulement qu’il faut veiller à concevoir des bâtiments qui correspondent au fonctionnement de la science. Attention donc au bâtiment-objet, qui privilégie l’image et le geste sur la fonctionnalité. Si un bâtiment est conçu au détriment des gaines, je ne vois pas en quoi il sert la cause de la recherche… Il importe que les architectes travaillent au service de celle-ci. Au risque de vous paraître très terre-à-terre, il en faut aussi qui savent gérer des budgets…

– Et les chercheurs, prenez-vous en compte leur sensibilité esthétique ? Leur éventuel besoin de fierté de travailler dans un « beau » bâtiment, aussi subjective que soit cette notion ?

Robert Chapellier : Quitte à passer pour immodestes, les chercheurs sont le plus souvent satisfaits de notre travail. On le voit à leurs réactions le jour de l’inauguration. Ils parlent de « leur » bâtiment. Cela étant dit, aussi intéressés aux arts qu’ils puissent être en dehors de leur domaine de recherche, ils n’ont pas forcément une culture architecturale qui permette d’apprécier le bâtiment à sa juste valeur. Sur ce plan, ils se montrent d’ailleurs le plus souvent prudents. Les plus âgés ont été tellement échaudés par les grands ensembles et les centres de recherche répétitifs, qu’ils sont attirés a priori par la vision un peu idéalisée d’une architecture douce, tout en étant adepte des nouvelles technologies. Ils ne sont pas hostiles aux bâtiments modernes, mais veulent du confort, sans être très exigeant. Un bureau tout simple avec une fenêtre qui s’ouvre, un peu de soleil, mais pas trop, cela leur suffit. Bref, ils sont tout sauf capricieux. Ils se montreront plus irrités s’ils ont le sentiment que l’architecte n’a pas pris en compte leurs besoins au regard du procès scientifique. Encore faut-il qu’ils les explicitent. Parfois, ils leur arrivent d’omettre de nous préciser certains « détails » qui comptent, comme la nécessité d’un dégagement d’azote, par exemple !

– On sent beaucoup d’affection de votre part à leur endroit…

Robert Chapellier : Comment pourrait-il en être autrement ? Ce sont des gens qui se consacrent à la recherche, malgré des conditions de vie et des revenus souvent bien inférieurs à d’autres au regard de leur niveau d’études et de leur contribution à la société. Aussi célèbres soient-ils, ils restent passionnés et passionnants.

– Quel regard portez-vous sur les projets d’aménagement du Plateau de Saclay ?

Robert Chapellier : Nous évoquions tout à l’heure l’esthétique à laquelle on pouvait parvenir par l’intégration des projets dans leur contexte. A cet égard, ce qui se passe sur le Plateau de Saclay est prometteur, cohérent et inspiré, avec déjà des espaces extérieurs prévus dans le respect de l’environnement naturel et de l’histoire du territoire (je pense en particulier à l’axe dessiné par Auguste Perret sur le campus du CEA). Si un bâtiment respecte les données de son environnement, composent avec et que le choix de ses matériaux est soigné, nul doute qu’il produira un effet esthétique. En revanche, je doute qu’il y parvienne si on cherche à faire d’abord de l’image. Car si elle peut plaire dans l’instant, rien ne dit qu’elle vieillira bien.

Cela étant dit, au-delà du point de vue d’architecte, j’ai un point de vue de citoyen. En tant que tel, je considère qu’il y avait un besoin d’une technopole attractif au plan mondial. Il suffit d’avoir un peu voyagé pour se rendre compte combien notre système de la recherche est complexe pour des chercheurs étrangers. Il y a une excellence française, à l’origine d’avancées remarquables. Mais dans le contexte mondialisation, la donne a changé : il y a nécessité à convaincre des investisseurs étrangers et d’attirer les chercheurs les plus brillants et donc gagner de gagner en lisibilité. La logique de concentration qui préside au projet favorise en outre les collaborations autour de projets innovants. Certes, celles-ci peuvent se poursuivre aussi à distance, mais à un moment, il faut bien que les chercheurs se rencontrent, se voient, échangent de manière informelle.

Antoine Prunet : J’exprimerai plus le point de vue de l’étudiant que j’étais il y a encore peu. A ce titre, je trouve intéressante la perspective offerte à des étudiants d’universités de côtoyer des élèves de grandes écoles, plus prestigieuses les unes que les autres, de surcroît de diverses nationalités. Et cela, tout en étant près de Paris. Quand les infrastructures de transports seront aménagées, nul doute que le campus Paris-Saclay sera parmi les plus attractifs.

Robert Chapellier : Dernier detail, je ne peux cependant continuer à m’empêcher de songer tout particulièrement aux chercheurs en mettant en garde contre les effets des futures infrastructures de transport : des équipements de recherche sont sensibles aux vibrations. Nous connaissons particulièrement bien le problème : nous avons dû concevoir un bâtiment entier sur ressort pour l’Institut Pasteur, pour neutraliser les effets du passage du métro parisien. C’était il y a 25 ans déjà. Cela coûte cher, autant éviter d’avoir à le faire. Les machines qu’on nous demande d’installer sont ultra-sensibles.

Photos : vues du nouveau bâtiment François Jacob, de l’Institut Pasteur, à Paris.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

En savoir plus
L’IA générative, tout ce qu’elle (ne) permet (pas) de faire…
Vu d'ailleurs

L’IA générative, tout ce qu’elle (ne) permet (pas) de faire…

Entretien avec Charles Cosson

Publié le 12 février 2024
Paris-Saclay au prisme d’une artiste peintre… iConnectrice
Vu d'ailleurs

Paris-Saclay au prisme d’une artiste peintre… iConnectrice

Rencontre avec Muriel Paul

Publié le 13 décembre 2023
Vu d'ailleurs

« Paris-Saclay forme le plus grand nombre de spécialistes de l’IA. »

Entretien avec Renaud Vedel.

Publié le 19 avril 2022
Afficher plus de contenus