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Pour une santé 3.0 à base d’Intelligence… accompagnée.

Le 5 juillet 2021

Suite de nos échos à l’édition 2021 de TEDx Saclay avec le témoignage de Patricia Pâme, intervenante que nous avions interviewée à l’issue d'un Brainathon. Que de chemin parcouru en l’espace de quelques mois...

– Dans le précédent entretien que vous m’avez accordé suite au Brainathon 2021, vous faisiez part, non sans humour, de la pression qui ne manquerait pas de croître à mesure que vous approcherez du jour J. Nous y sommes : vous venez de faire votre talk. Comment vous sentez-vous ?

Très bien ! Il faut dire que nous avons bénéficié d’un intense travail de préparation avec les coachs d’Ideas On Stage. Merci à eux ! Au début, à la réception de l’email m’informant de cet accompagnement et des heures de préparation prévoir, j’ai fait mon arrogante. « Même pas en rêve ! » me suis-je dit au vu des contraintes qui pèsent sur mon agenda et du fait aussi du sentiment que ce n’était pas nécessaire, que je pourrais toujours improviser. Quelle erreur d’appréciation ! Heureusement que j’ai pu bénéficier de cet accompagnement. Les heures de préparation n’ont pas été de trop pour m’aider à mûrir le sujet.

– Lequel n’a pas été votre premier choix, mais celui de votre équipe…

En effet, moi, j’étais plutôt partie sur l’idée de promouvoir une approche humaine de la santé, certainement pas une santé 3.0 à base de digital. Il faut dire que je fais partie d’une génération née bien avant l’essor de l’intelligence artificielle. Ne pas y souscrire spontanément, après tout, c’est presque un réflexe archaïque. Mais force est d’admettre que d’autres générations sont nées dedans. Ce sera encore plus vrai des générations futures. Autant, donc, prendre part à cette transition plutôt que la subir. Mon rôle à moi, ce doit être d’accompagner les patients vers une santé plus numérique qu’elle ne l’est aujourd’hui.

– Quel chemin parcouru depuis le Brainathon…

A partir du moment où on m’a sélectionnée pour porter les couleurs de toute une équipe, je ne pouvais décemment pas m’accrocher à ma vision première. Je me devais de faire l’effort de m’ouvrir, de lâcher prise par rapport à mes certitudes. Un état d’esprit qui n’a cessé de se conforter à mesure que j’avançais dans la préparation du TEDx Saclay. Finalement, les heures de préparation m’auront permis de continuer à ouvrir la brèche, à me laisser surprendre aussi par ce potentiel du digital, sans plus chercher à l’opposer à ma vision de la santé. Cela m’a même conduit à partager une histoire personnelle, que je n’avais jusqu’alors confiée à personne, hormis mon mari.

– Vous voulez parler de ces neuf mois durant lesquels vous êtes restée dans l’incertitude quant à savoir si vous n’étiez pas atteinte d’une grave maladie…

Oui, quelque chose dont je me suis ouvert à la coach alors que nous nous étions encore à peine parlé. L’épreuve m’est revenue en mémoire alors que je l’avais occultée, malgré la cicatrice que j’en ai conservée. C’est l’évocation de l’incertitude qui entoure les résultats d’un diagnostic ou leur retard qui m’y a fait repenser. Incertitude et retard qui préoccupaient tout autant mon propre médecin. C’est alors que je me suis dit que, oui effectivement, une médecine prédictive à base de données numériques et d’algorithmes est pertinente et puissante. Une conviction nouvelle confortée aussi par des lectures et des échanges. Pour autant, je ne dis pas qu’il faut s’en remettre à la seule intelligence artificielle…

– Mais à l’ « intelligence accompagnée »…

Oui, une formule que je dois à cet ami patient qui dit préférer parler en ces termes en considérant que l’intelligence artificielle ne l’est jamais totalement au sens où c’est, nous patients et soignants, qui apprenons à échanger, à utiliser avec pertinence ces données, à les partager, au sens aussi où il faut continuer à accompagner les patients dans leur parcours de soin. Dans cette perspective, l’intelligence artificielle renoue ainsi avec une dimension plus humaine. C’est dire si nous n’avons aucun motif de la rejeter a priori. Nous sommes dans un processus d’innovation permanent. Pour ma part, je fonde des espoirs dans l’application des principes de la blockchain au domaine de la santé. On y gagnera d’autant plus que cela nous amènera à rompre aussi avec une tendance à la possessivité qui nous fait oublier que nos données personnelles peuvent être utiles à de nouvelles avancées dans le domaine de la santé.

– Revenons-en à votre fameuse gélule numérique. Si elle avait été introduite en vous le temps du talk, qu’aurait-elle révélé de votre état ? Du stress ? Du trac ? Ou, au contraire, une volonté de partager le plus spontanément possible ?

On a beau éprouver de la joie à l’idée de partager quelque chose avec le public, on ne peut s’empêcher de se demander comment il va réagir, ce qu’il va penser de soi. Donc, oui, il y eut du stress ! Allais-je réussir ou pas à délivrer le message que j’ai envie de délivrer ? Forcément, je me suis posée la question. Une question qui, en réalité, n’a aucun sens car il y a toujours une différence entre l’intention et l’action. Il est illusoire de croire qu’on maîtrise tout. Le corps a aussi son mot à dire et, d’ailleurs, il ne s’en prive pas. La seule chose que je puisse faire est donc de faire en sorte qu’il soit dans les meilleures dispositions possibles pour faire ce qu’il a à faire.
L’important est aussi de prendre acte de cette peur qui vous taraude, mais en veillant à ne pas vous laisser submerger par elle, à la contenir et certainement pas faire comme si elle n’existait pas. Si je veux dépasser un obstacle, il me faut bien arriver à sa hauteur.

– Ce que vous dites-là me fait passer à un beau passage de Psychisme ascensionnel, dans lequel Étienne Klein traite de la manière de tenir à distance non pas tant la peur que la douleur que l’alpiniste peut éprouver, en la maintenant là où elle l’est, sans la laisser gagner le reste du corps…

Cela me parle. Et pour filer cette métaphore de l’alpinisme, j’ajouterai que le risque qu’on court à s’accrocher à la peur, c’est de dévisser. Or, dévisser en alpinisme, c’est fatal. Autant donc décrocher pour emprunter une autre voie…

– Vous êtes intervenue dans un contexte particulier, en l’absence d’un public nombreux – cette année, TEDx Saclay était en format 100% digital. En avez-vous ressenti de la frustration ?

Non, car je n’ai pas eu l’impression d’être totalement plongée dans de la réalité virtuelle. J’ai plutôt eu la sensation d’avoir passé la journée au milieu de gens : les bénévoles occupés à assurer le bon fonctionnement de la retransmission, mais aussi du public autorisé à venir, ici, au Paris-Saclay Hardware Accelerator. Certes, c’était dans la limite des jauges autorisées, mais c’était suffisamment pour ressentir une présence humaine. D’autant qu’au cours du talk, des personnes étaient disposées de part et d’autre de la scène, les autres étant installés derrière la caméra. Il y a eu aussi le plaisir d’assister aux autres talks et tout cela dans une fluidité des échanges très agréable.

– Quelque chose me dit que ce premier TEDx ne sera pas le dernier…

(Rire). Trop tôt pour dire ! Pour le moment, je savoure !

À lire aussi les entretiens avec Delphine Girard (pour y accéder, cliquer ici) ; Laurent Fullana (à venir) ; Carole Ping Yang (cliquer ici) et Christian Van Gysel (cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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