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Digiteo Labs, ou quand Stic riment avec bioclimatique.

Le 6 décembre 2013

En septembre 2013, étaient inaugurés les Digiteo Labs, les premiers bâtiments bioclimatiques de Paris-Saclay conçus par l’équipe franco-allemande BRS, en association avec Transsolar, bureau d’étude spécialisé dans la construction bioclimatique. Visite guidée aux côtés de deux des architectes de cette agence, Agnès Bertholon et Uli Seher.

S’ils n’étaient dédiés à de la recherche de pointe (dans le domaine des sciences et techniques de l’information et de la communication), on pourrait se rendre dans les Digiteo Labs pour le simple plaisir d’y déambuler. Normal : ils ont été conçus selon les principes de l’architecture bioclimatique par l’agence d’architecture BRS et Transsolar. Agnès Bertholon et Uli Seher, deux de leurs architectes, ont bien voulu nous en dire plus. Rendez-vous avait été donné au bâtiment Turing, sur le campus de l’Ecole polytechnique, à Palaiseau.

Trois bâtiments en un

D’extérieur, celui-ci peut paraître un peu quelconque. En revanche, l’intérieur procure d’emblée une sensation de bien être. Comme dans bien des établissements de recherche ou d’enseignement supérieur, un atrium organise la distribution des flux, entre les bureaux et laboratoires répartis, ici, sur deux étages. Mais dans ce bâtiment, la ventilation est naturelle (hormis dans l’amphithéâtre qui bénéficie de l’air conditionné pour faire face à l’afflux d’individus). Même si ce jour-là, le temps n’est guère au beau fixe, des ouvertures régulières assurent, elles, un éclairage tout aussi naturel. La sensation de bien être doit aussi à l’acoustique particulièrement soignée. « Par le choix des matériaux et l’agencement des salles, précise Uli Seher, nous avons fait en sorte que l’espace central soit le plus “ excité ”, c’est-à-dire hétérogène avec des avancées permettant de réduire les réverbérations et les nuisances sonores. » Pas le moindre écho à déplorer, donc, hormis le léger craquement des marches de l’escalier en bois. Ce dont Agnès Bertholon semble se plaindre avant de se raviser : « iI ne s’agirait pas de faire de ce lieu un monastère ! ».

Au-delà de sa fonction régulatrice, l’atrium a été conçu comme le reste du bâtiment, pour favoriser les échanges informels entre les chercheurs. Il n’est pas jusqu’au mobilier qui n’ait été pensé à cet effet : il est cosy et coloré. Comme pour donner le ton, une cafétéria a été aménagée au rez-de-chaussée, à proximité de l’accueil. Dans chacun des Digiteo Labs un système de couloirs et de passerelles permet ensuite de rallier n’importe quel coin, tout en pouvant voir ou être soi-même aperçu. Le bâtiment Turing n’en a pas moins sa personnalité propre, ne serait-ce qu’en raison des différences de taille (les trois Digiteo Labs n’ont pas la même superficie), mais aussi des variations dans le choix des couleurs, du mobilier et de bien d’autres détails. Mais partout, une même architecture conçue selon les principes bioclimatiques tout en satisfaisant aux exigences de la sérendipité. Car nos deux architectes en sont convaincus : « c’est dans les échanges informels que naissent les idées nouvelles et les désirs de projets collaboratifs ». Il reste que le visiteur de passage doit, lui, montrer patte blanche à l’accueil puis franchir des tourniquets avant de pénétrer dans ce nouveau sanctuaire de la recherche en STIC. Une contradiction apparente résolue pour partie en rendant aussi discrets que possible lesdits tourniquets…

Un bâtiment approprié par ses chercheurs

Sur un mur, on peut apercevoir une bouée de sauvetage. De mauvais esprits pourraient y voir un appel implicite au secours. Manifestement, c’est un signe d’appropriation. Le lieu est d’ailleurs accueillant avec ses nombreux espaces informels, ses ouvertures et percées qui évitent la monotonie des sombres couloirs d’organismes de recherche d’antan. A l’intérieur des bureaux, des percées latérales, qui permettent d’optimiser l’éclairage naturel. « Le fait de réduire la largeur des pièces, précise Agnès Bertholon, aurait pu faire craindre aux chercheurs qu’ils disposeraient de moins d’espace. En plus de permettre d’améliorer la luminosité, ces percées latérales relativisent en réalité la sensation de confinement. » En dehors des bureaux, des micro-espaces parsèment l’ensemble : en plus de rompre la monotonie des couloirs, ce sont des zones de contact, où on peut s’arrêter pour discuter avec des collègues croisés par hasard. A voir les équations griffonnées sur des tableaux, les discussions y sont des plus studieuses. « Au final, constate Uli Seher ces espaces qui, du point de vue de la commande, semblaient ne devoir servir à rien, remplissent des fonctions essentielles. »

A terme, de l’ordre de 300 personnes sont appelés à travailler ici (à peu près autant que dans chacun des deux sites). Quoique inauguré en septembre dernier, le projet n’est pas encore achevé. Dès le départ, le bâtiment de Palaiseau a été conçu pour bénéficier d’une extension. De là cet autre défi que les architectes ont dû relever : concevoir une façade… provisoire. La terrasse extérieure aménagée à l’étage au dessus est elle-même appelée à se transformer en espace intérieur. Au moment de notre visite, la consultation des entreprises était programmée.

Pour accéder à la suite de la visite des Digiteo Labs, à travers un entretien avec Agnès Bertholon et Uli Seher, cliquer ici.

 

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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