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Mobilités

Et le gagnant est… le vélo !

Le 7 mai 2014

Le Challenge étudiant mobilités nouvelles s’est achevé le vendredi 11 avril 2014 avec la remise des prix aux six finalistes qui ont pour la plupart mis à l’honneur le vélo, à commencer par l’équipe lauréate, qui a proposé une solution pour rendre son usage plus sûr et durable.

Lancé en novembre dernier, à l’initiative de l’Etablissement public Paris-Saclay (EPPS)*, le Challenge étudiant nouvelles mobilités (pour un rappel des principes de ce concours, cliquer ici) s’est donc achevé le vendredi 11 avril dernier, avec l’audition des six finalistes (sur la centaine d’équipes engagées), sur le Campus de Paris-Sud, au sein du Laboratoire de l’accélérateur linéaire (Lal) avant une remise des prix au PROTO 204. Au vu des propositions formulées par ces six finalistes, on était en droit de se poser la question : le vélo serait-il donc la solution de demain pour Paris-Saclay ?

Du vélo vers et dans Paris-Saclay

Pas moins de quatre sur six l’avaient en effet mis à l’honneur, à commencer par l’équipe lauréate. Composée de Céline Snaidero, de l’école Audencia Nantes Management School, et de Mathieu Darcourt, de l’Ecole d’architecture Insa de Strasbourg, elle a proposé un système complet destiné à faciliter son usage personnel vers et au sein de Paris-Saclay, en le rendant à la fois « plus sûr, paisible, confortable et ludique ». Comment ? En articulant quatre idées innovantes : des wagons de RER aménagés pour accueillir des vélos en toute sécurité ; l’aménagement sur le campus même d’un réseau de pistes cyclables à haut qualité de service, doté notamment d’un revêtement permettant la production d’électricité à partir de l’énergie cinétique ; une borne à vélo sécurisée ; enfin, la création d’une application mobile qui permet à l’utilisateur de rester connecté à tout instant à son vélo (et prévenir ainsi les risques de vol !). Cette équipe avaient décidément pensé à tout, y compris la perte de son portable (scénario évoqué par un des membres du jury). En l’occurrence, les deux étudiants envisagent la possibilité pour le malheureux propriétaire d’entrer un code personnel sur la borne de façon à récupérer son vélo.

Même si cette proposition a conquis le jury, les autres étudiants n’en étaient moins dépourvues d’idées toutes aussi originales. En témoigne ce rapide passage en revue de leurs projets respectifs :

– composée de deux élèves d’HEC Paris et d’un 3e de l’ESILV La Défense, la 2e équipe (dans l’ordre décroissant du palmarès) proposait « Stop option » : une application de covoiturage dynamique se proposant de révolutionner ni plus ni moins l’usage de nos voitures en alliant simplicité d’utilisation et grande flexibilité dans la réponse aux sollicitations de personnes en quête rapide d’un chauffeur.

– la 3e, composée de deux ingénieurs de l’Institut d’Optique Graduate School (le seul établissement présent sur le Plateau de Saclay) et de l’Ecole des Ponts ParisTech, a, elle aussi, mis en avant le vélo, mais avec une assistance de pédalage électrique, la seule solution viable à ses yeux, compte tenu du relief (un argument auquel les habitués du Plateau ne pouvaient qu’être sensibles…). Mais la véritable originalité de la proposition réside dans un système de leasing pour les batteries, permettant d’alléger la facture et de réduire le temps de recharge, le tout géré par une association étudiante inter-établissements.

– la 4e équipe, composée d’une HEC Paris 1 et deux élèves de l’ENS Cachan dont l’un également à Centrale (deux écoles, précisons-le au passage, appelées à rejoindre le Plateau de Saclay) a, elle, proposé une application multimodale regroupant toutes les formes de mobilités physiques, mais également « intellectuelles » en partant du constat que Paris-Saclay est un concentré de matière grise et d’expertise, qu’il serait dommage de ne pas exploiter. Le but : « optimiser » une mobilité collaborative à travers une monnaie virtuelle (les MobCoins) permettant d’échanger du covoiturage contre des savoirs ou connaissances.

– les 5e et 6e équipes, quoique arrivées ex-equo, proposaient des projets très différents. L’une, composée de trois élèves de l’ESCP Europe, de l’IESEF et de l’Université Polytechnique de Madrid, est sans doute celle ayant poussé le plus loin les limites de l’imagination en proposant la création d’« un réseau multi-transport basé sur un système de capsules intelligentes fonctionnant sur rails et reliant tout le campus à l’aide d’un maillage étroit à partir de parkings hubs, d’arrêts stratégiques et d’autres de moindre importance ». Le tout complété par les moyens de transport classiques (RER, bus, voitures électriques, vélos, trottinettes, sans oublier le futur métro).

L’autre équipe, composée de trois élèves de l’ECE Paris s’est fait l’écho des préoccupations des usagers potentiels d’un vélo en auto-partage, à savoir le vol. A partir d’une application Android et du réseau SigFox (qui permet la connexion à des objets) a mis au point un système de géolocalisation des vélos de locations de type Vélib’, mais également la détection d’actes de vandalisme. C’est dire si le système pouvait intéresser les opérateurs…

Une approche multimodale et innovante du vélo

Où l’on voit au passage que les étudiants n’ont pas seulement des idées, ils passent aussi à l’acte en proposant des pistes qui en sont déjà au stade de prototype. Ils sont définitivement à l’heure des applications mobiles et d’internet et ont intégré la multimodalité : en effet, pour mettre en exergue le vélo, ils n’en font pas pour autant le seul moyen de mobilité. Plusieurs manifestent d’ailleurs un intérêt pour des plateformes d’information multimodale en temps réel, en semblant cependant ignorer l’existence de la carte collaborative mise en point par Terre et Cité avec le concours du Groupe Chronos (pour plus d’information, cliquer ici). C’est le seul bémol qu’on s’autorisera à apporter, tant la prestation de ces étudiants était de qualité, aussi bien dans le fond que sur la forme.

Ajoutons qu’en mettant ainsi en avant le vélo, ils sont bien en phase avec un mouvement de fond que l’on observe depuis plusieurs années en France en faveur de ce mode de déplacement. Mouvement dont témoignent plusieurs ouvrages parus récemment (voir « Pour aller plus loin ») sans oublier le Plan d’action en faveur des mobilités actives, dit « plan vélo », présenté début mars par le ministère des transports. Ces mêmes étudiants n’en apportent pas moins un regard original en mettant en exergue non seulement les vertus de ce mode de locomotion sur le plan écologique, mais aussi au regard du niveau de revenu des étudiants…

Bien plus, ils font du vélo un vrai support d’innovation et même, à l’image de l’équipe lauréate, une source de production d’électricité ! Preuve s’il en était besoin que Paris-Saclay a tout intérêt, comme l’a souligné Pierre Veltz, PDG de l’EPPS, lors de la cérémonie de remise des prix, à faire confiance aux étudiants et à leur capacité d’innovation. Et le même de relever au passage l’ouverture d’esprit de ce territoire qui a su récompenser des étudiants « étrangers » !

* Avec le concours de Studyka et en partenariat avec Altran, EDF, Mobivia Groupe et Renault.

Pour aller plus loin sur le thème du vélo :

A vélo, vite ! (éditions Fyp, 2014) de Véronique Michaud, Secrétaire générale du Club des villes et territoires cyclables.

Du Vélo dans la mobilité durable (L’Harmattan, 2013), de Nicolas Pressicaud, géographe de formation, qui met son expérience à profit au sein d’une association locale d’encouragement à l’usage de la bicyclette.

Le Retour de la bicylette. Une histoire des déplacements urbains en Europe, de 1817 à 2050 (La Découverte, 2014, à paraître), de Frédéric Héran, maître de conférences en économie à l’Université de Lille 1.

Pour revivre en images la finale du challenge.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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