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De Belfast à Paris-Saclay en passant par l’Ethiopie, le Togo, Boston…

Le 16 mars 2015

Maints acteurs de Paris-Saclay ont une riche expérience du monde, que ce soit à travers des années d’expatriation ou au titre de globe-trotteurs. Nouvelle illustration avec Patrick Cheenne, directeur du Développement économique au sein de l’Etablissement public Paris-Saclay, dont le parcours débute à Belfast et passe par l’Éthiopie, le Togo, Boston…

« Nomade », c’est le mot qui lui vient spontanément à l’esprit pour se définir. On ne saurait mieux dire. Depuis sa plus jeune enfance, Patrick Cheenne, le directeur du développement économique de Paris-Saclay, a vécu durablement sous diverses latitudes. « J’ai déménagé une trentaine de fois en cinquante ans, s’amuse-t-il, et encore, je ne compte pas les séjours de moins de six mois ».
Son prénom en porte témoignage : c’est en Irlande qu’il est né. Pas celle des cartes postales, mais celle du Nord, à Belfast précisément. « Ma mère, professeur de philosophie avait accompagné mon père qui avait décroché un poste de lecteur à l’Université Queen’s, pendant sa scolarité à Normale Sup. » Nous sommes dans la seconde moitié des années 60, juste avant, s’en souvient-on, que la province ne bascule dans la guerre civile…
C’est âgé d’à peine deux ans qu’il fait ses premiers pas en France, mais pour un bref séjour. Son père a cette fois décroché un VSN en… Ethiopie. La petite famille y reste deux ans, avant de regagner l’Hexagone, du côté de Bordeaux et de sa banlieue. Ils y resteront quatre ans, avant de repartir… au Togo (à Lomé), dans le cadre de la politique de coopération. Son séjour le plus long à l’étranger (sept ans).
Au début des années 80, nouveau retour en France, cette fois du côté de Nancy, où Patrick Cheenne séjournera plusieurs années, le temps d’y effectuer ses études universitaires, en filière Administration Economique et Sociale, jusqu’à intégrer l’Institut d’Administration de l’Entreprise (IAE), mais aussi d’y vivre ses premières expériences professionnelles.

De Lomé à Nancy

Sans nier les charmes de la capitale de Lorraine, l’environnement nancéien ne tranchait-il pas trop avec les contrées lointaines où il séjourna jusqu’à son adolescence ? Comment explique-t-il son acclimatation si tant est qu’elle ait eu lieu ? En réponse à cette double question, il met en avant une année de service militaire en Allemagne. « Elle m’a aidé à mieux apprécier les avantages de Nancy…»
C’est donc là qu’il y entame sa carrière professionnelle : elle débute à l’Atelier d’urbanisme de Nancy où il participe à la politique de développement économique (déjà !) de la ZAC Meurthe et Canal. « C’était un des grands projets de l’agglomération, qui est arrivé récemment à son terme. » Entretemps, l’atelier fusionnera avec l’agence d’urbanisme et l’agence de développement. Au sein de la nouvelle Agence de Développement et d’Urbanisme de l’Agglomération Nancéienne (ADUAN), il participe à la programmation économique d’autres ZAC, assumant même la rédaction du règlement de l’une d’elles, ainsi qu’il le relève comme pour mieux souligner sa prédisposition à l’aventure de Paris-Saclay qui en compte actuellement deux. Autre expérience acquise au milieu de ces années 90 : la révision de ce qui ne s’appelait pas encore les PLU (Plans Locaux d’Urbanisme), mais POS (Plans d’Occupation des Sols).
En 1996, il rejoint la direction du développement économique, en charge de l’implantation d’entreprises : des centres d’appels, en l’occurrence, mais aussi des commerces et des PME. Une nouvelle aventure qui se poursuivra jusqu’en 1999.
Au total, c’est une dizaine d’années expérience professionnelle qu’il cumulera sur le territoire nancéen. En en gardant manifestement un bon souvenir. Avec le recul, force est de constater qu’elles le prédisposèrent aussi à assumer ses responsabilités actuelles dans le cadre de l’OIN Paris-Saclay. « De fait, cela m’a permis de me familiariser avec les enjeux de l’aménagement du développement économique.» Sans compter les expériences ultérieures. « Cela fait 25 ans que je travaille avec des professionnels de l’immobilier d’entreprises, des commercialisateurs, des promoteurs, des investisseurs…»

L’expérience des Biotechs

Sa fréquentation du territoire de Paris-Saclay est cependant bien antérieure à son intégration en 2012, au sein de l’Etablissement public en charge de son aménagement. En 2000, il rejoint l’Agence pour l’Economie en Essonne (AEE), dirigée alors par un certain Gilles Rabin, ancien directeur du développement économique de l’ADUAN. « La première année, s’amuse-t-il encore, j’étais même basé au cœur du Plateau de Saclay, aux Algorithmes, à Saint-Aubin.» Site où l’Agence dispose toujours de locaux. Patrick Cheenne rejoint ensuite le site principal de l’AEE à Evry et crée le département « Réseaux et Investissements », lequel existe toujours. « Le contexte économique international, ajouté à la proximité du Genopole, militait pour un positionnement de l’Agence sur l’économie de l’innovation et des start-up, dans le domaine des biotechnologies notamment.»
Le même : « Mais plutôt que de chercher à attirer des investisseurs étrangers et à les convaincre de venir investir sur le territoire, nous avons pris le parti de favoriser les connexions avec les principaux clusters de biotechs existant dans le monde. » Autrement dit, aux Etats-Unis et au Japon. Ce qui le conduira à piloter avec la CCI de l’Essonne un programme régional destiné à accompagner des entreprises essonniennes dans ces deux pays, à raison de deux missions par an aux Etats-Unis et d’une au Japon. Tandis que celle-ci était coordonnée par un certain Alain Schebath, devenu depuis directeur de l’AEE, Patrick Cheenne assumera celles menées aux Etats-Unis.
Dans les deux cas, c’est un succès. « Aux Etats-Unis, une des missions était l’occasion de se rendre au BIO, la grande messe organisée chaque année dans une ville différente des Etats-Unis, par la puissante Biotechnology Industry Association. » Un salon que, pour rien au monde, Patrick Cheenne n’aurait manqué. Il s’y rendra chaque année, de 2002 à 2012. « C’est lui qui a permis de faire reconnaître les Biotechs comme un secteur industriel à part entière. »
En 2003, avec l’Institut Pasteur et deux sociétés spécialisées, l’AEE prend la décision d’aller plus loin en ouvrant un bureau conjoint aux Etats-Unis. « Nous pensions que le fait de disposer d’un point d’ancrage permettrait d’acquérir une expertise du secteur et de suivre au plus près l’évolution du marché. » Le dispositif est mis en place à titre expérimental. « Nous nous étions donné un an pour voir. » Ce sera un nouveau succès : au bout de deux ans, il compte déjà dix membres. Le statut de GIE n’est cependant plus adapté. Patrick Cheenne prend l’initiative de créer Hubtech 21, une Société par Actions Simplifiées (SAS), avec deux actionnaires (l’AEE et la CCI Essonne). « Nous avons commencé à accueillir des sociétés de biotechs puis d’optique, pour développer leurs ventes en finançant des études de marché. » Parmi ces sociétés, plusieurs sont implantées sur ce qu’on n’appelait pas encore Paris-Saclay : Quantel Group, aux Ulis ; Imagine Optic, à Orsay ; ou encore HGH Infrarouge, à Igny.
En 2010, une nouvelle étape est franchie avec l’entrée de l’Agence régionale de développement dans le capital de la société et son souhait de créer un bureau à San Francisco. Ce qui sera fait, sous la houlette de Patrick Cheenne. Mais deux ans plus tard, le même commence à lorgner d’autres horizons. « L’annonce du recrutement d’un directeur du développement économique par l’EPPS venait à point nommé.» Il occupe ses nouvelles fonctions depuis novembre 2012.
Que de chemin parcouru au sens propre comme au sens figuré par notre « nomade ». Le même relativise. « Voyager autant que je l’ai fait, cela pouvait être exceptionnel pour quelqu’un né au milieu des années 60. Ce n’est plus pour les jeunes d’aujourd’hui qui s’expatrient désormais sans difficultés. »

Suite de la rencontre avec Patrick Cheenne à travers l’entretien qu’il nous a accordé (pour y accéder, cliquer ici)

Crédit photo : © Johan-Frederik Hel Guedj, 2014.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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