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Entrepreneuriat innovant

Bienvenue au WAI Massy-Saclay (2)

Le 26 octobre 2015

Suite de l’entretien avec Franck Maistre, manager du tout nouveau WAI Massy-Saclay, qui revient sur l’apport de ce lieu original aux start-up du territoire, mais aussi de « province » ou de l’étranger, inauguré officiellement le mercredi 7 octobre 2015.

Pour accéder à la première partie de l’entretien, cliquer ici.

– Revenons à vos trois start-up. Sont-elles issues du Plateau de Saclay ?

Non, aucune des trois. Toutes viennent de Paris. Elles sont venues ici avec plusieurs objectifs, à commencer par celui de bénéficier du programme Inno&Connect, lequel répond parfaitement à ce besoin qu’on a tendance à oublier à force de focaliser sur le financement, à savoir : trouver des clients ! Aides et subventions sont, certes, nécessaires et les pouvoirs publics ont fait beaucoup pour permettre l’amorçage de start-up, mais cela ne saurait suffire. Pour qu’elles puissent se développer, il leur faut des clients ! Ce qui n’est pas simple en l’absence de contacts. En venant ici, les start-up bénéficient de notre réseau, au plan national comme au plan international. Est-il besoin de le rappeler, BNP Paribas s’est très largement internationalisée au cours de ces dernières années. Le WAI est de fait un tremplin pour les start-up françaises qui veulent se développer à l’international. C’est, par exemple, le cas de Général Internet, qui a ouvert son bureau à San Francisco. En sens inverse, il est une porte d’entrée pour celles, étrangères, qui voudraient se développer en France. Dans un cas comme dans l’autre, les start-up peuvent bénéficier d’une mise en contact avec notre clientèle française ou étrangère.

– L’objectif est-il de faire des start-up hébergées de futures clientes de… BNP Paribas ?

Votre question m’offre l’occasion de rappeler que le programme Innov&Connect est ouvert et accessible à tous les startuppers, qu’ils soient clients ou pas de BNP Paribas. Auront-ils envie plus tard de l’être ? Bien évidemment, nous en serions heureux. Mais il n’y a pas d’obligation ! Nous sommes dans un contrat qui est bien plus win win, win puissance 4 serais-je tenté de dire – d’où, d’ailleurs, le nom donné à une des salles du rez-de-chaussée, Forwin. De fait, il est gagnant pour la startup ; gagnant pour notre client ETI ; gagnant pour BNP Paribas, qui, en plus de satisfaire l’une et l’autre, est en mesure de capter des tendances, au plan de l’innovation, à même de nourrir notre réflexion stratégique ; enfin, gagnant, il l’est encore pour tout l’écosystème de Paris-Saclay, ne serait-ce que par l’implantation de start-up créatrices d’emplois : L3PC et General Internet, par exemple, en ont déjà créé six, de surcroît hautement qualifiés, qui bénéficient directement au territoire de Massy.

– Quel coût représente l’hébergement pour une start-up ?

Il est de 250 euros par mois et par poste de travail, en open space, avec un accès à la salle de réunion situé sur leur plateau de travail et les deux salles du rez-de-chaussés.

– Quel est le premier retour de vos start-up ?

Il est manifestement positif : elles jugent l’espace exceptionnel et disent apprécier beaucoup les échanges au quotidien, entre elles mais aussi avec nous. Ce qui d’ailleurs m’a d’ores et déjà inspiré une idée : les impliquer davantage dans un comité de gouvernance du WAI. Naturellement, nous resterions décisionnaires, mais au moins pourraient-elles faire connaître leurs attentes, formuler des propositions, mutualiser leur expérience.

– Que diriez-vous à ceux qui trouveraient néanmoins ce lieu éloigné de l’ « esprit garage », si tant est qu’il y en ait un ?

Tout simplement que nous avons tenu à offrir un environnement de travail conçu selon les « normes » de BNP Paribas. Autrement dit, nos startuppers bénéficient de la même qualité, du même espace que n’importe quel salarié du groupe. Et ce, pour une raison simple : les start-up que nous avons vocation à accueillir sont censées être déjà bien avancées dans leur développement ; leur défi est de nouer des liens avec des clients potentiels. Il est donc normal qu’elles disposent de condition de travail mais aussi d’accueil d’un certain standing. Dans le choix du mobilier, nous n’en avons pas moins privilégié la récup’ en interne, histoire de donner l’exemple, mais aussi de privilégier les investissements à haute valeur technologique. C’est le cas de toutes les tables de travail disposées dans l’open space.
Cela étant dit, chaque start-up peut personnaliser son propre espace. J’ajoute qu’un FabLab sera mis en place (avec imprimantes 3D). Je ne peux vous en dire plus pour l’instant, mais sachez qu’il sera innovant ! Il y aura également un Créative Lab, enfin, une salle de méditation. Ces trois univers sont une manière d’insuffler ce que vous appelez l’esprit garage, mais en l’actualisant. L’heure est à l’open innovation, à la mutualisation des intérêts. C’est aussi cela que veut favoriser le WAI. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons été très intéressé par le principe des « Hold’up » introduit par Start In Saclay. Concrètement, quand une start-up est confrontée à un problème, elle peut, lors d’un meet’up, mobiliser ses associés et salariés et ceux d’autres startups. C’est collaboratif et malin et cela peut aider à débloquer une situation. Une de nos start-up l’a déjà pratiqué.

– Et vous-même, comment vous êtes-vous retrouvé à manager un tel lieu innovant ?

Je ne vous cacherai pas qu’il y a encore un an, je n’imaginais pas me retrouver à manager un tel lieu. Mais, avec le recul, force est de constater que j’y ai été prédisposé. Au cours de ma carrière au sein de BNP Paribas, j’ai occupé différents postes qui m’ont permis de couvrir tout le spectre du monde de l’entreprise. J’ai conseillé à la fois des professions libérales, des artisans-commerçants, des TPE-PME, des ETI et de grandes entreprises. Mon dernier poste portait sur les financements structurés. J’accompagnais des entreprises, soit dans une recomposition capitalistique interne, soit dans un développement par croissance externe, à travers des acquisitions. Par delà leurs spécificités, mes différents postes ont eu pour point commun de me mettre en contact direct avec le chef d’entreprise dans une démarche de conseil. Et c’est précisément ce qui me passionne le plus dans mon métier : accompagner des chefs d’entreprise dans leur projet. Ce sont des personnes sur lesquelles pèsent de lourdes responsabilités et qui ont en conséquence besoin de pouvoir échanger.

– Soit, mais une start-up n’est pas une entreprise comme les autres, surtout quand elle est nouvellement créée par de jeunes diplômés…

Détrompez-vous. Les fondateurs de start-up sont comme les autres chefs d’entreprises : ils ont besoin d’écoute, qu’on comprenne leurs besoins et d’être conseillés. Leur projet a beau être spécifique, les questions que nous nous posons sont à peu près les mêmes : à quelle phase de développement est-elle ? De quel type de financement a-t-elle besoin ? Quel est son business modèle ? Quelle est son cash burn ? A-t-elle besoin d’equity pour réaliser son business plan ? Mais, au-delà de ces questions, c’est l’état d’esprit, la volonté et le parcours du porteur de projet qui nous importent. Pour collaborer avec un startupper, j’ai juste besoin de croire en son projet et aux personnes dont il s’est entouré.

– Une particularité de votre nouvelle fonction n’est-elle pas d’être davantage attentif à l’insertion d’entreprises dans un écosystème, en l’occurrence celui de Massy-Saclay ?

Sans doute. Cela suppose donc de connaître cet écosystème. Et c’est précisément ce que nous prenons le temps de faire avant même de communiquer sur le WAI. Nous poursuivons l’exploration de l’écosystème en allant à la rencontre des acteurs locaux, aussi bien publics que privés : la CCI de l’Essonne, la ville de Massy, l’Agence Economie en Essonne, etc. Nous nous sommes également rapprochés des acteurs de l’innovation : BPI, très implanté sur le territoire, IncubAlliance, des écoles ayant un incubateur ou un accélérateur. Nous ne demanderions qu’à faire du WAI un tiers-lieu. Si les accélérateurs et incubateurs de Centrale, de Polytechnique, d’HEC veulent y faire des réunions et autres POC, ils seront bien sûr les bienvenus. Nous comptons aussi prendre part aux événements dédiés à l’entrepreneuriat innovant.
Naturellement, nous avons commencé par impliquer nos propres collègues de BNP Paribas déjà présents sur le territoire : Christian Vandelet, directeur du Groupes d’Agences de Massy Saclay ; Thierry Girard, directeur Centre d’Affaires Entreprises ; Xavier Chopard, directeur du Pôle innovation IDF et ses chargés d’affaires.
Cela étant dit, Paris-Saclay ne m’était pas totalement étranger avant d’y venir pour les besoins du WAI. J’ai déjà travaillé avec des entreprises du secteur de Massy. J’y ai d’ailleurs retrouvé récemment Jean-Claude Chabin, dirigeant de Mecalectro [leader européen dans le domaine des électro aimants ], par ailleurs président de Techinnov.

– Cet écosystème de Massy-Saclay, vous paraît-il prometteur ?

Oui, absolument, même s’il reste encore méconnu. S’il concentre des compétences dans de très nombreux domaines, ce n’est pas spontanément à Massy-Saclay que l’on pensera dans le champ de l’Intelligence Artificielle ou un des autres que j’évoquais tout à l’heure. Qui dit Massy-Saclay pense d’abord aux sciences de l’ingénieur et aux biotechnologies. Mais nul doute que cet écosystème est appelé à s’imposer dans d’autres champs et pour une raison simple qui tient à l’excellence des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, qui s’y trouvent. Qu’on songe à l’École polytechnique, à Centrale, Supélec, aux laboratoires de Paris-Sud, à Inria, etc. Cela constitue une richesse indéniable. Qui plus est, des formations à l’entrepreneuriat se sont récemment mises en place qui permettent à toujours plus d’étudiants de se lancer dans la création de start-up, avec de meilleures chances de réussite.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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