Il est Directeur Relation Clients de la société Bruneau, spécialiste de la vente à distance de fournitures et mobiliers de bureau. De prime abord, on n’imagine pas avoir affaire à un « ancien ». Né en 1965, il a conservé un air juvénile. Pourtant, c’est bien en 1985 qu’il est entré dans la société. A l’invitation qui lui est faite de rappeler le cursus qui l’y a conduit, il juge utile de prévenir : « Il est un peu particulier… ». Le fait est : en parallèle à ses études, il a commencé à enseigner… le judo.
« Je suis Palaisien ! » lâche-t-il comme si cela valait toutes les explications. c’est effectivement important à savoir pour la suite du cursus : « Monsieur Bruneau », comme il dit tout sur un ton mêlant respect et affection, était lui-même Palaisien, « animé depuis toujours par la volonté de contribuer au développement économique de sa ville sinon de son bassin de vie. »
La première rencontre avec M. Bruneau
La première rencontre avec « Monsieur Bruneau », donc, intervient quelques années plus tôt, en 1981. Laurent Perraguin n’a alors que 16 ans, mais déjà un projet : acquérir un bus pour emmener ses « gamins » en compétition (charge bien évidemment à l’un des parents de le conduire). Pour le financer, il s’en va frapper aux portes d’entreprises de sa ville pour solliciter leur sponsoring ou mécénat. Parmi ces entreprises : Bruneau. Voilà le jeune homme accueilli en personne par le fondateur. Un premier contact fructueux : il en repart avec un chèque d’un montant de 20 000 francs. « Soit le montant du budget que j’avais évalué. » Et sans la moindre contrepartie. « J’avais eu beau proposer de décorer mon minibus d’autocollants aux couleurs de la société, Monsieur Bruneau déclina, se comportant ainsi en vrai mécène » (rappelons qu’à la différence du sponsoring, le mécénat n’exige pas de retombées publicitaires immédiates]. En guise d’explication à tant de générosité, Laurent Perraguin met en avant cet attachement au territoire : « Monsieur Bruneau a d’emblée soutenu mon projet, considérant qu’il contribuait, même modestement, à animer la vie locale. »
Deux ans plus tard, en 85, Laurent est sollicité par la Mairie de Palaiseau. « Cette année-là, des collectivités participaient à une opération d’installation de pompes à eau en Afrique subsaharienne à l’occasion du Paris-Dakar, créé quelques années plus tôt par par Thierry Sabine et Daniel Balavoine. Le maire-adjoint en charge du projet m’avait proposé de participer à l’installation. » « Pourquoi pas, avais-je dit, mais avec qui et quel budget ? » La réponse à ces légitimes interrogations : « C’est bien simple : il n’y a pas de budget, et tu es tout seul. Est-ce que cela t’intéresse ? » Là où d’aucuns auraient décliné l’invitation, Laurent appelle un ami, pour lui demander son avis. La réponse fuse : « Si tu y vas, j’y vais ». Les voilà donc partis. Auparavant, Laurent aura procédé à une nouvelle tournée des entreprises pour financer leur voyage. Naturellement, la société Bruneau est de celles-ci : « Le fondateur me reçut par un “ Mais je te connais toi ! Quel autre projet t’amène ? » Cette fois, Laurent repart avec un chèque de… 50 000 francs. La motivation est la même : du pur mécénat, destiné à promouvoir l’image du territoire.
Jamais deux sans trois. La 3e rencontre, autrement plus décisive, interviendra en 1986. Laurent poursuit alors des études à Paris, au sein de l’Ecole d’administration et de Direction des Affaires. Il lui faut trouver une entreprise où faire un stage. « Tout naturellement, j’ai appelé la société Bruneau. » Il y est pris sans problème. L’occasion pour lui de découvrir les services commerciaux. Puis, à l’issue de ses examens, sans attendre d’avoir son diplôme, il se met en quête d’un emploi : « Mes parents ne pouvaient pas continuer à subvenir à mes besoins. Il fallait que je travaille. » De nouveau, il décroche son téléphone pour contacter le DRH. « “Quand veux-tu commencer”, m’a-t-il demandé pensant que ce serait à la rentrée. Je me souviens d’avoir répondu : lundi prochain est un 1er juin, c’est une bonne date pour débuter ! » Pour y faire quoi exactement ? Il avoue de pas l’avoir su sur le moment. « Je savais qu’il y avait du travail, c’est tout ce qui m’importait. »
30 ans plus tard
Un peu plus de 30 ans plus tard, le voilà encore chez Bruneau. Entretemps, il aura gravi plusieurs échelons, exercé plusieurs métiers. Il a commencé aux achats avant d’intégrer la communication (en charge notamment de la réalisation du catalogue) puis le marketing. « J’ai été le premier cadre technique à changer de direction métier », souligne-t-il, manifestement pas pour vanter quelques mérites personnels, mais plutôt ceux de l’entreprise. « Elle témoignait ainsi de sa capacité à prendre le risque de parier sur une personne en l’affectant à un tout autre métier que celui auquel l’avait préparée sa formation ». Le même d’ajouter : « Elle avait aussi compris qu’elle pouvait avoir à gagner à affecter quelqu’un au marketing, en capitalisant sur ses connaissances des achats. » Nous ne résistons pas à l’envie de faire observer que cet état d’esprit est emblématique de la vocation de Paris-Saclay : décloisonner les univers aussi bien disciplinaires que professionnels pour favoriser l’innovation. Il acquiesce.
Et dans son cas, le décloisonnement se répétera jusqu’à lui faire rejoindre un temps le service informatique. « Le DG m’avait proposé de travailler avec les informaticiens pour accompagner le développement de notre propre outil de vente à distance. » C’est en 2014 qu’il se voit confier la Direction Relation Clients. A ce titre, il a sous sa responsabilité les équipes en charge de concrétiser les actions de la vente à distance, aussi bien que les commerciaux qui ont pour mission de négocier avec les grands comptes. » Pour paraître dématérialisée, l’activité n’en reste pas moins fondée sur des compétences proprement humaines.
Suite de notre rencontre avec Laurent Perraguin à travers l’entretien qu’il nous a accordé (pour y accéder, cliquer ici).
Ping : « Où que vous alliez, on parle du territoire comme d’une Silicon Valley à la française ». Rencontre avec L. Perraguin (2) | Paris-Saclay
Ping : Des nouvelles de FraMel Go. Entretien avec Mélanie et Françoise | Paris-Saclay