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Mobilités

Retour sur la 3e édition de Handiversité.

Le 24 avril 2018

Le 5 avril 2018, EDF Lab accueillait la 3e édition du colloque Handiversité. En voici un premier écho à travers le témoignage d’Alain Schmid, ingénieur chercheur, en charge du projet « Coordination Handicap » au sein d’EDF.

– Si vous deviez, pour commencer, par pitcher Handiversité ?

Cet événement, organisé tous les deux ans, et qui en est à sa 3e édition, offre l’intérêt de réunir des acteurs très divers du monde du handicap – des entreprises, des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, des associations, des collectivités – et de permettre à leurs «correspondants » d’échanger autour de leurs projets et initiatives respectifs, sur de bonnes pratiques ou des sujets en émergence. Naturellement, l’événement est ouvert à toutes les autres personnes ou institutions, qui souhaitent avancer avec nous sur les enjeux de l’accessibilité et de l’autonomie des personnes confrontées à un handicap.

HandiversitéPaysage– Est-ce un événement « Paris-Saclay » ?

Oui, au sens où il est né dans ce contexte et qu’il a le soutien de l’Université Paris-Saclay. Mais Handiversité s’est depuis ramifié bien au-delà de l’écosystème. En fait, tous les acteurs de France et de Navarre et même de l’étranger, intéressés par nos problématiques peuvent y participer. Du côté d’EDF Lab, nous avons d’ailleurs communiqué à travers toute la France.

– Venons-en à ce que vous faites au sein d’EDF et à ce projet de Coordination Handicap. De quoi s’agit-il ?

L’entreprise s’est de longue date engagée sur les enjeux du handicap. Dès le début des années 90, un accord a été conclu au plan national pour favoriser l’insertion des personnes en situation de handicap, mettre en place des formations adaptées, mais aussi pousser des projets de recherche. Au sein de la R&D, un projet spécifique a été mis en place – Coordination Handicap, donc. Comme son nom le suggère, il coordonne un certain nombre d’activités de recherche, mobilisant des compétences et des technologies d’EDF pour les adapter à des problématiques du handicap.

– Pouvez-vous donner des exemples ?

En voici un premier : les réalités virtuelles, utilisées en matière de formation, et que nous exploitons pour améliorer la circulation dans nos bâtiments en fauteuils roulants voire pour l’entraînement à l’utilisation de ces fauteuils. Deuxième exemple : les systèmes de chargement par induction pour les voitures électriques, également réutilisés pour les fauteuils roulants électriques, de façon à faciliter l’autonomie des personnes en leur épargnant la nécessité de brancher/débrancher des câbles (un projet en cours sur notre autre site de R&D de la Renardière). Enfin, 3e illustration : des bateaux à voile que nous adaptons pour permettre leur usage par des personnes à mobilité réduite, en travaillant sur les matériaux et l’ergonomie – un projet mené avec les Fédérations françaises de voile et handisport.
A chaque fois, il s’agit donc d’exploiter des technologies et des compétences, utilisées dans les métiers d’EDF, en nous associant si besoin à des partenaires extérieurs.

– Est-ce la première fois qu’EDF Lab accueillait l’événement ?

Oui. Les deux précédentes éditions avaient été organisées à CentraleSupélec puis à Vélizy. Recevoir un tel événement était important pour nous. En plus d’offrir la possibilité de sensibiliser le personnel en interne, il nous permet d’avoir des retours sur nos projets, de personnes extérieures. Pour être impliqués sur la question du handicap, nous ne sommes pas forcément au fait de tout. Nous sommes toujours preneurs de suggestions et de la présentation de bonnes pratiques.

– Nous avons bien noté qu’Handiversité déborde le cadre de Paris-Saclay. Dans quelle mesure néanmoins cet écosystème se révèle-t-il un terrain de jeu favorable ?

En ceci que c’est un écosystème en cours de construction. Les acteurs sont d’autant plus motivés pour en faire un laboratoire à grande échelle, que ce soit pour améliorer l’accessibilité des bâtiments ou de la voirie. Par rapport à un territoire déjà aménagé, où il n’y a plus tout à faire, Paris-Saclay offre davantage de latitude pour innover, proposer des solutions réellement innovantes. Etant entendu qu’il s’agit d’améliorer l’accessibilité pour tout un chacun et pas seulement les personnes ayant un handicap, autrement dit, de faire en sorte que les solutions mises en œuvre ne soient pas spécifiques à ces personnes au point de faire apparaître leur handicap.
A cet égard, le campus EDF Lab a des atouts : quiconque y accède par la même entrée, de plein pied. Même chose pour l’accès aux espaces de travail, aux auditoriums ou encore au parc de stationnement, lui aussi accessible à tous, sans différence de traitement, hormis, bien sûr, les places réservées aux personnes handicapées.

– Iriez-vous jusqu’à contester l’idée d’accessibilité « inclusive » comme cela a été fait au cours d’une table-ronde ?

Oui, et juste pour une question de vocabulaire : cela ne fait que souligner les différences de situation entre les personnes à mobilité réduite et les autres. Je milite plus pour une accessibilité transparente ou invisible, au sens où elle ne donnerait pas lieu, encore une fois, à une différence de traitement.

– Iriez-vous jusqu’à contester aussi cette notion de « personne en situation de handicap », comme cela a été fait par un intervenant, au profit de celle de « personne vivant avec un handicap » ?

Tout est affaire de point de vue. Il est clair que toutes les personnes ne vivent pas avec un handicap comme peut le faire un paraplégique ou une personne atteinte d’une grave maladie. Mais il est tout aussi clair que des personnes sont « handicapées » par une situation donnée (je pense, entre autres exemples, à la personne qui circule avec une poussette dans le métro). L’objection a au moins le mérite d’attirer l’attention au fait de ne pas trop cataloguer ou étiqueter telle ou telle catégorie de personne, par l’usage d’une formule qui soulignerait sa différence. L’important est d’avoir toujours en tête d’agir au nom de tous, de ne pas segmenter les solutions en fonction du type de handicap et, donc, d’éviter les formulations stigmatisantes.

A lire aussi les entretiens avec Estelle Peyrard, doctorante, qui poursuit une thèse en convention Cifre, associant l’Association des Paralysés de France (APF) et l’Institut interdisciplinaire de l’Innovation (pour y accéder, cliquer ici) ; Samuel Marie, tétraplégique, qui a entrepris «Sam Fait Rouler », le premier Handi Road Trip pour un monde accessible (cliquer ici) ; enfin, João Neto, doctorant brésilien de l’Université Paris-Saclay, par ailleurs professeur à l’Université Fédérale do Recôncavo de Bahia, qui poursuit une thèse sur le thème de la smart city inclusive (cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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