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Mobilités

De l’information voyageurs en mode IA.

Le 15 juin 2018

Suite et fin de nos échos à DigiHallDay, avec les témoignages de Yann Briand et Benoît Legrand, respectivement chef du projet IVA, Information Voyageurs Augmentée, à l’IRT SystemX et ingénieur au sein de la société SpirOps spécialisée en Intelligence Artificielle. Elles présentaient en duo un démonstrateur de simulation de foule ayant vocation à apprécier l’impact de l’information voyageurs.

– Si vous deviez pitcher le projet IVA ?

Yann Briand : IVA signifie Information Voyageurs Augmentée. Ce projet, lancé en 2017, pour une durée de quatre ans, s’organise autour de deux axes de recherche. Le premier consiste à travailler sur de l’analyse de données massives pour définir des indicateurs prédictifs utiles à des exploitants de réseaux de transport tels que la SNCF (partenaire du projet). Le second vise à comprendre et modéliser les comportements des voyageurs face à l’information qui leur est proposée, afin d’identifier les scenarii les plus adaptés en cas de situation perturbée. Quand celle-ci est délivrée, qu’en font-ils ? Pour le savoir, nous nous inscrivons, cette fois, dans une approche ergonomique et sociologique. Ces deux axes sont combinés au sein du démonstrateur que nous présentons : ce simulateur de foule basé sur un système multi-agents, permet de comprendre comment des usagers se comportent, se déplacent et se positionnent sur un quai de gare, en fonction de l’information voyageurs qui leur est adressée.

Benoît Legrand : SpirOps travaille sur les problématiques de simulation de foule depuis une dizaine d’années. Nous faisons évoluer notre simulateur de manière incrémentale, de façon à y intégrer les comportements toujours plus complexes désirés par nos différents partenaires. Notre collaboration avec la SNCF a démarré il y a trois ans. L’objectif est de modéliser au plus près les voyageurs : la manière dont ils se déplacent individuellement, se positionnent sur les quais et dans les trains. Nous portons notre attention aussi bien sur de petites gares (qui ne desservent qu’une ligne) que sur les gares ayant une fonction de hub sur le réseau (comme, par exemple, celle de Versailles Chantiers, qui dessert plusieurs lignes – C, U et N, en l’occurrence). Notre démonstrateur a vocation à s’enrichir de toutes les données disponibles.

– Ce projet IVA a-t-il aussi pour finalité de tirer des enseignements pour la conception de nouvelles gares ?

Yann Briand : Il s’agit d’analyser les comportements des usagers en cas de perturbation du réseau, de déterminer l’information voyageurs la plus pertinente et de tester des solutions alternatives. Les variables peuvent être infrastructurelles ou informationnelles. Le projet IVA comprend aussi le développement d’un assistant à la mobilité, basé sur l’Intelligence Artificielle, qui pourrait accompagner et assister les usagers dans leur parcours de mobilité vers les offres les plus adaptées (transports en commun, covoiturage, vélo en libre service, autopartage, etc.).

Benoit Legrand : Dans le cas de l’exploitation de son réseau, la SNCF dispose déjà de scénarii d’information voyageurs. A travers ce démonstrateur, il s’agit de mieux apprécier la manière dont les agents (i.e. les usagers dans la simulation) se comportent, de façon à améliorer la pertinence et la performance de ces scénarii.

– Un projet, qui offre une parfaite illustration de l’esprit IRT SystemX, au sens où il articule l’apport de chercheurs académiques à d’autres formes d’expertises…

Yann Briand : Oui, nous sommes bien dans une logique collaborative. Le projet associe à la fois une autorité organisatrice de la mobilité (Ile-de-France Mobilités), un opérateur de transport (SNCF), des industriels du digital (SpirOps et Kisio), et des académiques (Ifsttar).

– Mêler des compétences aussi diverses, est-ce facile ou faut-il de l’intelligence artificielle… ?

Yann Briand (sourire) : De fait, le projet assemble des compétences qui viennent d’horizons très différents, sur la base de problématiques identifiées et partagées. On ne réunit donc pas seulement des expertises pour la beauté du geste collaboratif. On partage aussi des challenges et des objectifs communs, qui sont industriels et qui comportent des verrous à la fois scientifiques et techniques. C’est dire si cette démarche collaborative a des retombées qui profitent à chaque partie prenante.

Benoît Legrand : Pour une société comme la nôtre, tout l’intérêt de la démarche  est de pouvoir croiser des approches – avec nos collègues de l’Ifsttar notamment – et d’atterrir sur des problématiques transverses. Par exemple : comment, à partir d’un trajet origine-destination, anticiper le report d’itinéraire d’un voyageur en cas de perturbation ? Une problématique en soi. Le projet IVA nous permet par ailleurs de travailler main dans la main avec un opérateur de mobilités qui valorisera notre logiciel à travers son approche métier. Les retombées sont donc de deux ordres : des avancées au plan de la connaissance et un nouveau marché.

Yann Briand : Vous l’aurez compris : ce type de projet permet de confronter nos expertises métiers. A priori, SpirOps n’était pas spécialisée dans la mobilité, mais elle avait une expertise – dans la simulation de foule – qui ne pouvait qu’intéresser des spécialistes et professionnels des transports. C’est ce dialogue permanent, qui crée la valeur ajoutée du projet collaboratif.

– En quoi est-ce important pour vous d’assister à un événement comme DigiHallDay ?

Yann Briand : Pour l’équipe IVA, c’est un point d’étape important pour montrer les avancées concrètes de nos travaux, les cas d’usage sur lesquels nous travaillons, pour exposer nos approches et méthodes tout en permettant à nos partenaires d’être en prise directe avec les visiteurs…

– Est-ce aussi l’occasion pour vous de recueillir des remarques et suggestions ?

Yann Briand : Oui, bien entendu. L’esprit collaboratif s’exprime aussi hors du champ du projet. Nous sommes ouverts aux retours des industriels et des experts.

Benoit  Legrand : DigiHallDay, c’est l’occasion pour nous de rencontrer d’autres professionnels confrontés à des problématiques similaires dans d’autres domaines que le nôtre.

A lire aussi les entretiens avec Michel Morvan, nouveau président de l’IRT SystemX (pour y accéder, cliquer ici), Philippe Watteau, directeur du CEA List (cliquer ici), Sonia Falourd, en charge des grands projets au sein du CEA List (cliquer ici), Nicky Williams et Gabriel Pedroza, ingénieurs-chercheurs au CEA List, qui présentaient le projet de « Navette autonome performante, sûre et sécurisée » expérimentée sur le site du CEA de Saclay (cliquer ici) et Patrick Sayd, chef du laboratoire Vision & Ingénierie des Contenus, du CEA List (cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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