Un festival international de cirque, l’Opéra, le Centre culturel Paul Bailliart… La ville de Massy est particulièrement bien dotée en institutions culturelles. Comment expliquez-vous cette richesse ?
Elle doit beaucoup à la volonté et à la constance des élus. Mais sans doute aussi à un terreau nourri d’une forte implication des habitants à travers leur engagement associatif. Lequel ne date pas d’hier. Un documentaire issu des archives de l’Ina rend bien compte de cette réalité. Intitulé « Ils ont fait cette ville », il ne traite pas, comme je l’avais cru, de l’action des édiles. Ni des architectes urbanistes ayant construit les grands ensembles qui ont fait passer la population de Massy de 8 000 habitants à plus de 30 000 dans les années 60.
Il rend d’abord hommage aux nouveaux habitants qui ont littéralement pris en charge l’animation culturelle dela ville. Massy en a gardé une forte tradition de vie associative. Elle compte aujourd’hui pas moins de 400 associations dont beaucoup à vocation culturelle et artistique. Le Festival international du cirque, pour ne citer que cet exemple, repose lui-même sur une structure associative. Il est né de l’énergie créative et passionnée pour le cirque d’un homme, Michel Bruneau.
En revanche, Massy n’a pas de salle de théâtre…
En effet, si la musique et la danse y sont bien représentées, le théâtre l’est moins. Il se trouve que je suis comédien. Vous imaginez le comble que ce peut être pour moi ! Pour autant, je ne suis pas convaincu de l’intérêt de construire une salle de théâtre à Massy. Souvent, les villes veulent avoir leur propre théâtre. A mons sens, cela disperse les énergies, coûte très cher en fonctionnement et en investissement quand cet argent serait mieux utilisé pour produire des spectacles et accompagner des propositions artistiques audacieuses.
Dans cet état d’esprit, je préfère travailler à la mutualisation avec d’autres villes, par exemple avec Antony et Châtenay-Malabry qui co-gèrent Firmin-Gémier, une scène conventionnée cirque, dont la proposition théâtrale est plus que satisfaisante. Nous pouvons être complémentaires car nos identités sont différentes. Opéra d’un côté, théâtre de l’autre. J’ai donc proposé à son directeur de travailler ensemble pour nouer un partenariat. Nous y travaillons.
Et le Théâtre national de Saint-Quentin en Yvelines ? Songez-vous à travailler avec lui ?
En l’état actuel des choses, nos institutions y compris l’Opéra, sont peu fréquentées par les habitants de Saint-Quentin. Il y a des logiques de territoires fortes. On est bien obligé de le constater même si j’aimerais bien que le public massicois ait une visibilité meilleure sur ce qui se passe hors de la ville. Je constate que la richesse des programmations ne suffit pas à faire bouger le public. Vous avez beau mettre des navettes en place, il reste difficile de faire que le public se déplace, passe les frontières dela ville. Cela prend du temps, ne serait-ce que pour changer les habitudes.
La mobilité du public est une vraie question sur laquelle je réfléchis par rapport à cette hypothèse dont je vous ai parlée, ne pas construire un énième théâtre dans ma ville et constater que nous ferions finalement tous à peut près la même chose… ce n’est pas très intéressant. Je réfléchis davantage à renforcer notre identité (opéra, musique actuelle, présence d’un orchestre, matériel scénique sans commune mesure à l’Opéra) et à mutualiser nos énergies, nos efforts pour arriver sur un territoire déterminé à avoir effectivement une proposition plus riche, plus pertinente à proposer à un public plus large.
Comment expliquez-vous cette faible mobilité du public ? Par les contraintes financières ?
Je ne pense pas qu’elles soient les plus déterminantes. Les établissements culturels sont sans doute des équipements de proximité. Quand je regarde la provenance du public de l’Opéra : 30% est massicois, le reste vient des communes avoisinantes comme Antony, Palaiseau, Verrières le Buisson, Longjumeau, finalement assez peu au-delà. Nous avons pu aussi le constater à l’occasion de la fermeture, le temps de travaux, de l’une de nos médiathèques (Massy en compte deux, situées de part et d’autre de la voie de chemin de fer). Nous pensions que ses usagers se reporteraient sur l’autre médiathèque, en attendant la ré-ouverture dela leur. Cen’est pas ce qui s’est passé : le temps des travaux qui ont pourtant duré 4 ans, on n’a pas vraiment constaté de surcroît de fréquentation dans l’autre établissement !
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